Les Galapagos! Ces fameuses îles que tout le monde prétend connaître, mais que bien peu seraient capables de pointer sur une mapemonde (pour ceux que ça intéresse, elles sont situées sur l’équateur, dans l’océan Pacifique, près de l’Amérique du sud). Toutefois, nombreux sont ceux qui savent que ce sont les échantillons de la faune et de la flore locales recueillis par Darwin lors de son fameux voyage qui lui ont inspiré la théorie de l’évolution.

J’ai encore de la difficulté à croire que je suis bel et bien en sol équatorien. Jusqu’au tout dernier moment, je m’attendais à ce qu’une catastrophe quelconque se produise et que mon voyage tombe à l’eau. J’aurais pu imprimer le mauvais billet d’avion, apporter les mauvais bagages, m’égarer pour de bon dans un aéroport, rater une correspondance, etc. Et pourtaut, je dois me rendre à l’évidence: je suis réellement en route vers les Galapagos!

Tout s’est passé comme un charme. Tous mes vols étaient à l’heure, aucune fouille, aucun objet refusé dans mes bagages de cabine. Les délais étaient très courts entre les vols, à tel point que je n’ai pas eu le temps de visiter les aéroports. J’ai dû me contenter de les traverser au pas de course.

Il y a toutefois eu un peu d’attente pour le dernier vol, car l’équipe technique devait faire le plein de carburant juste avant le décollage. Nous sommes finalement arrivés à Quito un peu avant minuit. Aucun problème pour passer les douanes, mais, malheur!, mon sac à dos principal manquait à l’appel. Après de longues minutes d’attente inutile, j’ai dû me résoudre à faire une déclaration de bagages « perdus » et quitter l’aéroport avec uniquement le petit sac à dos que j’avais apporté avec moi dans la cabine.

En quittant l’aéroport, j’ai pu me rendre compte que les gens ici semblaient conduire relativement prudemment, même de nuit, et qu’ils n’avaient pas du tout la même attitude à cet égard qu’en Inde. Je me suis rendue à un petit hôtel fort charmant où une chambre minuscule, mais propre et tout à fait convenable, m’attendait. J’ai passé une très bonne nuit.

À l’horaire aujourd’hui, visite de Quito. À suivre!

Et oui, c’est officiel, je repars en voyage! Après bien des difficultés, ma destination est finalement choisie et les détails réglés. Ma mémoire est peut-être défaillante, mais je ne me souviens pas avoir eu autant de difficultés et de stress à préparer mes voyages précédents! Mais il faut dire que la situation était assez différente cette fois-ci.

Premièrement, j’étais dernière minute. Vraiment, vraiment, vraiment très dernière minute. Je me doutais fortement que mon contrat ne serais pas renouvelé, mais je n’en ai eu la confirmation qu’au début du mois de juin. À ce moment-là, j’envisageais retourner à l’université, ce qui me laissait peut-être un mois ou deux pour planifier mon départ sans devoir sacrifier la durée. Mais évidemment, pour pimenter un peu les choses, je me retrouvai soudainement au milieu d’un processus d’embauche pour un emploi qui commencerai… cinq semaine après la fin des entrevues. Bon. Ça ne laisse plus grand temps pour le voyage ET la préparation de celui-ci. Et pour compliquer encore plus l’histoire, les plans (et le pays de destination!) changeaient presque quotidiennement. Me retrouvant soudainement seule pour le voyage, je tentais de trouver quelque chose d’à la fois intéressant, qui ne nécessite aucun vaccin, et qui me permettrait de me rendre utile.

Finalement, c’est un peu par hasard que je suis tombée sur ce programme. J’envoyais des demande un peu partout et demandait de l’aide à toute sorte d’agences de voyages, mais la plupart n’ont pu que me confirmer qu’il ne restait plus de place nul part, qu’il fallait réserver six mois d’avance ou que je n’avais pas le temps d’aller chercher les vaccins nécessaires. Je me retrouvais finalement à choisir entre deux destinations : le Costa Rica ou bien… les Galapagos. Je vous laisse deviner lequel j’ai choisi!

Je n’étais malgré tout pas au bout de mes peines. Je n’allais évidemment pas me contenter d’un parcours déjà préparé d’avance, surtout qu’il me manquait un élément essentiel pour profiter de ce voyage : un certificat de plongée sous-marine! Je me retrouvais donc dans un véritable ping-pong de courriel avec l’organisateur du voyage afin d’ajouter quelques jours à mon séjour, en plus de l’indispensable cours de plongé (le faire ici? Bah voyons! Pourquoi se priver, je vais aux Galapagos!) Et pendant ce temps ma banque me faisait des misères, mes cartes de crédits encore plus, et je me retrouvais dans deux processus d’embauches différents, en plus de mes obligations habituelles… Ouf! En fin de compte, tout c’est finalement replacé. Les derniers détails nécessaires à ma paix d’esprit n’ont été réglé qu’aujourd’hui même, la veille du départ officiel. C’est ce qu’on appelle être juste à temps!

P.S. Vous excuserez les erreurs d’orthographe et autre dans cet article, ainsi que dans la page de Foire aux Questions: la fatigue et le manque de temps ne m’ont pas encore permis de les réviser. Bientôt, c’est promis!

Je viens de recevoir un premier colis de l’Inde, que j’avais posté à partir de Khajuraho à la mi-mars. Mon deuxième colis, posté à partir de Darjeeling quelques semaines plus tôt, n’est pas encore arrivé. Tout deux ont été envoyé par bateau, un transport très lent, mais beaucoup plus économique que l’avion.

Mise à jour: mon deuxième colis est arrivé aujourd’hui, deux jours après le premier!

Le Mémorial de l’Holocauste, situé en plein cœur de Berlin à proximité de la Porte de Brandebourg, est un chef-d’œuvre incontestable. L’artiste qui en est l’auteur n’a pas cherché à en expliquer le sens, préférant laisser à chacun le loisir d’y trouver sa propre interprétation. Mais, ce qui est certain, c’est que personne ne peut rester indifférent face à cette immense place de 19 000 mètres carrés où sont disposés 2 711 stèles de béton gris anthracite que l’on croirait à première vue tous identiques.

En s’approchant du Mémorial, il est difficile de comprendre quel est le but de cet agencement assez morne. On ne voit que des rangés et des rangés de rectangles gris, tous identiques et parfaitement alignés les uns par rapport aux autres. Sommes-nous censé y pénétrer, en explorer l’intérieur, ou demeurer à la périphérie, le regarder de l’extérieur, tel un monument? Si on prends la chance de s’y aventurer, on constate peu à peu qu’aucune stèle n’a exactement la même taille. Doucement, timidement, on continue d’avancer, pour se rendre compte de l’immensité réelle de l’endroit. Sans que l’on s’en rende compte, nous sommes déjà enfoncé, oppressé par ses blocs de bétons, désormais deux fois plus grand qu’un être humain – Comment sont-il devenu aussi grand, alors qu’à l’entrée, ils nous arrivaient à peine aux genoux? De l’extérieur, ils semblaient tous de tailles à peu près égale, et la surface les supportant relativement plane. Mais à l’intérieur, le sol forme des vagues progressives, de plus en plus prononcées, accentuant le sentiment d’instabilité. Et alors que vous étiez persuadés d’avoir pénétré dans ce Mémorial au même moment que plusieurs autres personnes, vous vous retrouvez soudainement, au milieu de cette immensité grisâtre… complètement seul.

Sous les stèles de ce mémorial se trouve un petit musée dédié à la mémoire des Juifs victimes de la Shoah. Plutôt que de tenter d’expliquer l’inexplicable, le musé s’en tient à exposer crûment les faits, sans les entourer de détails inutiles. Une première salle rappelle les événements historiques qui ont précédé la solution finale, dont l’adoption de lois justifiant la ségrégation des Juifs d’Europe dans des ghettos, leur déportation et finalement leur extermination. Une deuxième salle expose des extraits de lettres et de carnets personnels, écrits avant ou après la déportation vers les camps de la mort, et dont l’identité des auteurs restera sans doute, pour la plupart, à jamais inconnue. Une troisième salle retrace le destin tragique de différentes familles juives en provenance de divers pays d’Europe. Enfin, juste avant la sortie, une dernière salle expose les statistiques de chacun de ces camps, ainsi que le total des disparus de chaque pays.

La salle prédominante de ce musée est la salle des noms, plongée dans la pénombre. Sur les murs nus s’affichent un à un les noms des Juifs exterminés par les nazis, tandis qu’une voix récite brièvement les circonstances de la vie et de la mort de cette personne, afin de redonner un visage et une individualité à ces millions de cadavres anonymes. Un visiteur devrait demeurer six ans et demi dans cette salle pour afin d’entendre la liste complète de chacune des victimes qui ont été identifiées. Et il n’aurait entendu qu’une fraction des noms de tous les disparus, le travail d’identification étant encore loin d’être terminé…

À la sortie du Mémorial, j’ai ressenti comme un grand vide. J’ai toutefois le sentiment que l’on a omis un aspect important de cette tragédie. Qu’est-il arrivé à ces gens qui ont survécu au massacre? À ces prisonniers qui ont été sauvés in extremis alors qu’ils étaient réduits à l’état de squelettes ambulants? Combien parmi eux ont réellement survécu aux chocs physiques et moraux qu’ils ont dû endurer? Quelle a été leur vie par la suite, hantée par ces événements et ces peurs? Ont-ils pu retrouver une certaine santé? Dans quelle mesure ont-ils pu réintégrer cette société qui avait fait vœu de les exterminer? Ont-il pu trouver une nouvelle terre d’accueil ailleurs, dans un autre pays? Ceux qui ont choisi de se rendre en Palestine/Israël ont-ils trouvé la Terre promise?
De plus, quel a été le sort des soldats qui ont participé à l’Holocauste? On a bien jugé et condamné quelques-uns des dirigeants qui ont conçu et ordonné la solution finale, mais qu’est-il arrivé à tous les simples soldats qui se contentaient d’exécuter les ordres, de gré ou de force, avec plaisir, indifférence ou dégoût? Peut-on réintégrer la société et reprendre la vie d’un citoyen ordinaire lorsque l’on a de telles exactions sur la conscience? Peut-on s’endormir la nuit sans revoir le visage des milliers de personnes que l’on a froidement fusillés ou gazés? Que peut-on faire pour expier pareil crime?

À quelques mètres du Mémorial de l’Holocauste se trouve l’emplacement du bunker où Hitler s’est suicidé à la fin de la guerre. L’endroit a été rasé et remplacé par un stationnement.